Quelques anecdotes sur les hommes volants
“Première moitié du XIXe siècle : aucun progrès technique, en particulier en ce qui concerne le problème de la conduite de l’engin.
Les très nombreux lâchers d’aérostats, qui attirent toujours les foules, tiennent plus du cirque que de la recherche-développement. Cela ne diminue en rien la performance sportive des hommes et aussi des femmes (le spectacle est souvent une affaire de famille) tous plus intrépides les uns que les autres.
D’un autre côté, le ministre de la guerre de Napoléon 1er lui soumet un projet d’une descente en Angleterre au moyen de cent montgolfières de 100 mètres de diamètre, dont la nacelle pourrait contenir cent hommes, avec des vivres pour quinze jours, deux pièces de canon avec caissons, vingt-cinq chevaux et le bois nécessaire pour alimenter la montgolfière. Sur la note, Napoléon 1er écrit de sa main : « renvoyé à M. Monge, pour savoir si cela vaut la peine de faire une expérience en grand ». On ne connaît pas la réponse de Monge, mais le projet n’eut pas de suite.
Peu avant 1870, Nadar pense à trouver des applications « sérieuses » aux aérostats. On signale aussi les voyages scientifiques en ballon exécutés en 1867 et 1868 par M. Flammarion depuis le jardin du Conservatoire des Arts-et-Métiers. La Société aérostatique de France, fondée dans un but scientifique, dispose du ballon construit pour la guerre d'Italie en 1859, et devenu inutile avant d'avoir pu servir, car il n'était arrivé à sa destination que le lendemain de la victoire de Solferino.
Pendant l'exposition universelle de 1867, le ballon “l’Impérial” exécute plusieurs ascensions captives à une hauteur de cent mètres depuis l'esplanade des Invalides en emportant chaque fois des spectateurs (coût du voyage 100 francs). Le public se montre fort empressé : le prince Napoléon et l'impératrice comptent au nombre des voyageurs.
En 1870, les aérostats prennent officiellement du service pendant le siège de Paris. Dès le début du siège, Nadar installe au-dessus des buttes Montmartre un ballon destiné aux observations militaires. Puis, ce ballon est requis, le 23 septembre, pour le transport des dépêches, et ce, avec succès. A Metz d'abord, à Paris ensuite, le ballon, passant par-dessus les lignes prussiennes, jette un pont dans les airs, pour rétablir les communications entre la ville assiégée et le reste de la France. Du 21 septembre 1870 au 28 janvier 1871, Paris envoie par-dessus ses remparts soixante-quatre ballons, la plupart lancés par l’administration des postes. Quand les aéronautes manquent, on les remplace par des marins. Ces ballons partent généralement des gares (du Nord, d'Orléans ou de l'Est), des usines de Vaugirard et de la Villette, ou du jardin des Tuileries. Les Prussiens tirent sur les ballons et leur envoient des fusées incendiaires. Plusieurs de ces ascensions ont des dénouements tragiques : plusieurs ballons tombent aux mains des Prussiens, d’autres vont jusqu’en Bavière, en Prusse et même en Norvège, d’autres s’abîment dans l’océan atlantique”.