La photo ci-dessus représente la seconde ascension du “Géant” à Paris au Champ de Mars, le 18 octobre 1863.
 
 
strokestrokestrokestroke
 
Un peu de science-fiction.
 
On est stupéfait du peu de progrès accomplis en cent ans par le ballon. Mais ce sera peut-être pour le deuxième centenaire. En ce temps-là, il y aura des ballons à la course et à l’heure, comme les fiacres actuels. Les reporters, les courtiers, les médecins, les millionnaires, auront toujours leur ballon dans la cour et prêt à partir. On s'invitera à déjeuner de Paris à Pékin. On se rendra à la Havane, comme on va pour le moment au bureau du Grand-Turc, pour y choisir de bons cigares. Les maîtresses de maison iront chercher elles-mêmes leurs glaces au pôle et leur café à Moka. Les critiques assisteront couramment aux premières d'Ispahan et de Bénarès”.
 
Les lignes qui précèdent sont extraites d’un ouvrage daté de 1887 et intitulé « Le vieux Paris, fêtes, jeux et spectacles » que l’on peut lire en ligne sur le site de l’Université du Michigan.
 
 
 
Les applications sérieuse des aérostats.
 
 
 
Après les premières expériences, le lâcher de ballon est devenu un spectacle attirant les foules.
 
Vers 1860, on entrevoit des applications pratiques et sérieuses de la navigation aérienne (Cf. articles ci-dessous : “Le Géant de Nadar”, “Transport de courrier par ballon”, “Le voyage aérien de M. Gambetta”).
 
Et avec la guerre de 1870 et le siège de Paris, la réalité dépasse la (science) fiction des romans de Jules Verne.
 
Les Aixois et la révolution industrielle
 
Adduction d’eau    TRANSPORTS     Éclairage     Manufactures     Photographie    Télécommunications  
strokestrokestrokestroke
 
1863. Le Géant de Nadar
 
“Dimanche dernier a eu lieu au Champ de Mars, à Paris, l'ascension du ballon le Géant, construit et dirigé par le célèbre photographe Nadar, en présence de quatre cent mille spectateurs. (...) Je suis, dit-elle, la princesse de la Tour d'Auvergne ; j'allais aux courses, j'apprends que vous partez pour les régions inconnues et je veux être du voyage.
(...) La nacelle du ballon est une vraie maison avec salons, chambres à coucher, cuisine et même pharmacie, le tout surmonté d'une vaste plateforme où vingt personnes peuvent s'asseoir à l'aise. Le rez-de-chaussée contient un passage en croix dans le milieu, et six divisions ; la cabine du capitaine, la cabine des voyageurs, la case aux provisions ; le lavabo ; la photographie et l'imprimerie.
A cinq heures, tous les voyageurs sont à leur poste, ils sont treize. Nadar, qui brave les préjugés, avait voulu attacher ce nombre fatal à la première ascension du Géant.
(...) Le Géant n'a pas fourni une longue course ; le soir même de son enlèvement, quatre heures après, il a pris terre près de Meaux, à dix lieues de Paris.(...) Quelques contusions légères et une foulure au genou d’un des passagers, voilà notre facture acquittée. Ce n'est pas trop cher.
Le Géant est le plus grand ballon connu dans les annales aérostatiques (sic). En lançant son ballon, Nadar n'a pas prétendu le diriger, comme on le suppose à tort ; il a voulu faire seulement un essai gigantesque, dont le produit pécuniaire le mît à même de poursuivre ses études d’autres essais relatifs à la navigation aérienne.”
(Le Mémorial d’Aix, 1863-10-11)    
strokestrokestrokestroke
 
1870. Le voyage aérien de M. Gambetta
 
 Ce voyage aérostatique d'un homme d'Etat est un fait inouï dans l'histoire (...) Ce moyen de locomotion hasardeux, employé depuis longtemps comme objet de curiosité ou pour des observations scientifiques et stratégiques, n'avait pas encore reçu d'application en politique et aux gouvernements (...)
Le voyage du ministre de l'intérieur a été singulièrement accidenté. Lorsque le ballon qu'il montait, l'Armand-Barbès, est passé au-dessus des avant-postes prussiens, il a eu à essuyer une vigoureuse décharge de mousqueterie. Fort heureusement personne n'a été atteint quoique les voyageurs ne fussent pas à une hauteur de plus de 600 mètres. Mais c'est un miracle que l'aérostat n'ait pas été crevé, car les trois personnes qui montaient l'Armand-Barbès ont parfaitement entendu siffler les balles autour d'elles.
Après ces premières émotions des aérostiers, on a vu tout à coup leur ballon descendre rapidement vers la terre, et finir par s'abattre dans une plaine où quelques heures auparavant manoeuvraient des régiments prussiens. Ce n'est qu’en se débarrassant de tout leur lest que les voyageurs ont pu se relever et repartir pour subir, à 200 mètres du sol, une seconde fusillade pendant laquelle M. Gambetta reçut une blessure à la main.
Enfin, dernière aventure, l’Armand-Barbès, en passant au-dessus d'une forêt, s'accrocha aux branches élevées d'un chêne, et il fut impossible de le détacher. Les voyageurs étaient à quelques lieues de Montdidier. Ils trouvèrent fort heureusement quelques paysans qui les aidèrent, et un brave homme qui leur prêta sa voiture pour aller à Montdidier, où ils couchèrent ; le lendemain, ils étaient à Amiens. Après avoir passé à Rouen, M. Gambetta s'est rendu de là à Tours par la voie ferrée (...)”
 
(Le Mémorial d’Aix, 1870-10-16)
 
 
La première partie du roman     “L'Île mystérieuse” de Jules Verne parue en 1874 est intitulée “Les naufragés de l’air”.  Le roman s’ouvre par une évasion en ballon des héros retenus prisonniers par les Sudistes pendant la guerre de Sécession. Il semble que, pour la description de cette évasion, Jules Verne se soit souvenu du fameux vol de Gambetta.
strokestrokestrokestroke
 
1870. Transport de courrier par ballon
 
C’est pendant le siège de Paris en 1870 que se crée la poste aérienne.
 
 “Le Moniteur universel » a reçu par la poste aérostatique des nouvelles de Paris allant jusqu'au 20. Il publie notamment une circulaire du directeur des postes informant le public que l’administration, malgré l'interruption des voies ferrées, continuera de recevoir des lettres pour les départements, et qu'elle fera ses efforts pour les acheminer le plus rapidement possible. Nous ne cesserons donc pas de rester en communication avec nos frères de Paris. On pense qu'un ballon partira chaque semaine.”
 
(Le Mémorial d’Aix, 1870-10-02)    
 
Nadar était également photographe : il a beaucoup photographié depuis son aérostat.
 
 
Paris est assiégé fin septembre 1870.
 
Le 7 octobre 1870, Léon Gambetta, membre du gouvernement de la défense nationale et ministre de l'intérieur, s'envole de la place Saint-Pierre-Montmartre dans le ballon dénommé l’Armand Barbès, Le voyage est dramatique : les Prussiens tirent sur le ballon. Le but est de quitter Paris pour se rendre à Tours.
 
En réalité, l’aérostat atterrit près de Montdidier, et c’est ensuite en train que Gambetta gagne Tours, via Rouen et Le Mans (ce qui n’aurait pas été possible dix ans auparavant faute de couverture ferroviaire suffisante).
 
 
strokestrokestrokestroke
Quelques anecdotes sur les hommes volants
 
 
 
Les lignes qui suivent sont extraites d’un ouvrage daté de 1887 et intitulé « Le vieux Paris, fêtes, jeux et spectacles » que l’on peut lire en ligne sur le site de l’Université du Michigan.
 
 
“Première moitié du XIXe siècle : aucun progrès technique, en particulier en ce qui concerne le problème de la conduite de l’engin.
Les très nombreux lâchers d’aérostats, qui attirent toujours les foules, tiennent plus du cirque que de la recherche-développement. Cela ne diminue en rien la performance sportive des hommes et aussi des femmes (le spectacle est souvent une affaire de famille) tous plus intrépides les uns que les autres.
D’un autre côté, le ministre de la guerre de Napoléon 1er lui soumet un projet d’une descente en Angleterre au moyen de cent montgolfières de 100 mètres de diamètre, dont la nacelle pourrait contenir cent hommes, avec des vivres pour quinze jours, deux pièces de canon avec caissons, vingt-cinq chevaux et le bois nécessaire pour alimenter la montgolfière. Sur la note, Napoléon 1er écrit de sa main : « renvoyé à M. Monge, pour savoir si cela vaut la peine de faire une expérience en grand ». On ne connaît pas la réponse de Monge, mais le projet n’eut pas de suite.  
 
Peu avant 1870, Nadar pense à trouver des applications « sérieuses » aux aérostats. On signale aussi les voyages scientifiques en ballon exécutés en 1867 et 1868 par M. Flammarion depuis  le jardin du Conservatoire des Arts-et-Métiers. La Société aérostatique de France, fondée dans un but scientifique, dispose du ballon construit pour la guerre d'Italie en 1859, et devenu inutile avant d'avoir pu servir, car il n'était arrivé à sa destination que le lendemain de la victoire de Solferino.
Pendant l'exposition universelle de 1867, le ballon “l’Impérial” exécute plusieurs ascensions captives à une hauteur de cent mètres depuis l'esplanade des Invalides en emportant chaque fois des spectateurs (coût du voyage 100 francs). Le public se montre fort empressé : le prince Napoléon et l'impératrice comptent au nombre des voyageurs.
 
En 1870, les aérostats prennent officiellement du service pendant le siège de Paris. Dès le début du siège, Nadar installe au-dessus des buttes Montmartre un ballon destiné aux observations militaires. Puis, ce ballon est requis, le 23 septembre, pour le transport des dépêches, et ce, avec succès. A Metz d'abord, à Paris ensuite, le ballon, passant par-dessus les lignes prussiennes, jette un pont dans les airs, pour rétablir les communications entre la ville assiégée et le reste de la France. Du 21 septembre 1870 au 28 janvier 1871, Paris envoie par-dessus ses remparts soixante-quatre ballons, la plupart lancés par l’administration des postes. Quand les aéronautes manquent, on les remplace par des marins. Ces ballons partent généralement des gares (du Nord, d'Orléans ou de l'Est), des usines de Vaugirard et de la Villette, ou du jardin des Tuileries. Les Prussiens tirent sur les ballons et leur envoient des fusées incendiaires. Plusieurs de ces ascensions ont des dénouements tragiques : plusieurs ballons tombent aux mains des Prussiens, d’autres vont jusqu’en Bavière, en Prusse et même en Norvège, d’autres s’abîment dans l’océan atlantique”.