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1864. Le Fils de Thésée
 
 
“Plusieurs essais de décentralisation littéraire, surtout au point de vue scénique, ont eu lieu à Aix. Les uns ont été étouffés par les coteries ; les coteries ont fait triompher les autres ; quelques uns ont réussi par eux-mêmes et pour eux-mêmes.
Nous avons assisté, samedi et mardi, à une de ces expériences ; elle a été heureuse. (...) Le parterre a exprimé sa satisfaction, pendant et après la pièce, par des applaudissements réitérés. (....)  La presse est l'écho de l'opinion, le miroir de la société ; aussi notre feuille, répétant ce qu'elle a entendu, reflétant ce qu'elle a vu, ne restera pas en arrière en fait de procédés et d'aménité envers les débutants.
 
Nous n'essayerons pas d'analyser le libretto de l'opéra bouffe (...) Les bouffonneries ne s'analysent pas ; elles font rire, et quand elles atteignent ce but on ne saurait leur demander davantage. Le Fils de Thésée est une parodie plaisante de Phèdre, où on s’efforce de faire naître le comique en exhibant les personnages de la tragédie antique, avec le costume grec, le péplum et la chlamyde et en les faisant parler et agir à la moderne. Hippolyte arrive par le chemin de fer, Théramène fume, Phèdre a la crinoline, Aricie possède la photographie de son amant et veut s'asphyxier avec un fourneau de charbon ; enfin tout le monde commet des calembours qui, pour n'être pas toujours attiques, n'en dérident pas moins les fronts. Tout cela forme un imbroglio scénique dont le dénouement doit être le mariage d'Hippolyte devant M. le Maire. Ce genre peut paraître extraordinaire, mais c'est celui de l'opérette-bouffe, mis à la mode par Offenbach et ses complices ; il travestit tout pour amuser et égayer.
 
M. Julien a brodé, sur ce thème, une musique charmante qui n'a qu'un défaut, c'est d'être trop gracieuse pour le sujet et trop exquise pour le gros sel du libretto. La mélodie et l'harmonie sont traitées avec soin ; l'inspiration est heureuse et les combinaisons orchestrales bien entendues. L'ouverture a peut-être un peu trop de développement, et ne perdrait rien à gagner en précision ce qu'elle a de trop en longueur. Mais les motifs en sont pleins de fraîcheur et exprimés avec une agréable simplicité. (...)
Nous laissons à la critique minutieuse la mission de relever quelques défaillances, taches légères que l'inexpérience rend tout à la fois inexcusables, et nous lui répéterons, avec des calembours à l'instar de ceux de la pièce :
La critique est Thésée (aisée), et l'art (l'arc) est difficile... à manier”.
(Le Mémorial d’Aix, 1864-02-21)
 
 
Des émules d’Offenbach chez les Aixois ?
 
Deux Aixois écrivent et composent une opérette intitulée “Le Fils de Thésée”, variation humoristique autour de l’histoire de Phèdre, qui cultive l’anachronisme : chemin de fer, tabac, crinoline, photographie y font bon ménage avec le péplum.
 
Livret : M.L.M  avocat aixois
Musique : M. Julien, ancien élève du conservatoire d'Aix-en-Provence
Création à Aix : février 1864. Cette oeuvre a donc été créé :
        après “Orphée aux Enfers” (Paris  21/10/1858)
        avant “La Belle Hélène” (Paris 17/12/1864).
 
Les calembours, dignes de Meilhac et Halévy ont ravi les spectateurs Aixois ainsi que le critique du “Mémorial d’Aix” (voir article ci-dessous). Il est étrange de noter que les qualités relevées chez les auteurs du “Fils de Thésée” sont regardées comme des défauts chez Jacques Offenbach. Le critique musical s’autorise même des  calembours “meilhaciennes”...
 
Les loisirs et la vie culturelle des Aixois
 
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