1868. La Vie parisienne
“Si La Vie parisienne était telle que le montre M.Meilhac et le serine Offenbach, dans un scénario sans issue, avec accompagnement de grosse caisse et de beaucoup de cuivres, ce serait à faire douter et à dégoûter des moeurs, habitudes, us et coutumes de la capitale du monde civilisé. Heureusement il n'en est pas ainsi. Les deux frères siamois de la bouffonnerie dramatique et lyrique ne nous ont exhibé que le dessous du panier. (...) C'est une espèce de parodie burlesque, une mascarade bruyante, un véritable mardi gras théâtral (...)
Peut-il y avoir des gens qui aiment ces aberrations de l'art, si l'on peut toutefois donner le nom d'art à ces saturnales du mauvais goût, à ces orgies intellectuelles, marquées au stigmate de la décadence, de la dégénérescence et de l'abâtardissement de l'esprit public !
(...). Ainsi, on aura beau vanter le succès de ces pièces amphibies et saugrenues, qui ont eu une vogue malsaine pendant l'exposition universelle, nous ferons nos efforts pour nous préserver de cette épidémie intellectuelle, et la critique départementale emploiera les réactifs les plus puissants, les caustiques les plus énergiques pour neutraliser ce polype rongeur qui menace de tout envahir dans la société.
Notre horreur instinctive pour ce genre, que nous appelons une vraie déchéance, et qui fait hérisser notre plume, ne nous empêche pas de reconnaître, qu'à défaut de comique de bon aloi, il y a dans la Vie parisienne des drôleries qui font rire, et que le troisième acte est désopilant.
Quant à la partition, elle nous a paru faible de constitution, pâle, rachitique et d'une monotonie désespérante. Offenbach, à défaut de l'inspiration du sentiment, a d’habitude de l'esprit qui pétille souvent comme du vin de Champagne. Ici, nous ne trouvons plus que de la piquette d'Offenbach, de l’Offenbach éventé !
Ajoutons que cette bouffonnerie a été montée avec soin à Aix ; avec plus de soin qu'elle n'en mérite ! (...) tout est allé pour le mieux dans le plus cocasse des mondes possibles”.
(Le Mémorial d’Aix, 1868-12-20)