1869. “Le Désert” et “Christophe Colomb”
“Les oeuvres de génie, les chefs-d'oeuvre artistiques sont de tous les temps, de tous les lieux et de tous les pays, et rien ne saurait en atténuer la valeur, le prestige et l'importance, ni effacer le sillon lumineux qu'ils ont laissé à leur suite. C'est ainsi que les inspirations harmoniques de notre compatriote Félicien David seront toujours neuves et originales, et rien ne pourra en affaiblir l'influence ni en diminuer l'éclat. Elles scintilleront de plus en plus sous les voûtes limpides et éthérées de l'art, comme ces météores brillants dont aucune nébulosité ne vient ternir les scintillations sidérales.
En ce moment-ci, les deux étoiles musicales du célèbre maestro font l'admiration du monde élégant et des dilettanti de Paris et de Bade.
A Paris, le Désert est vivement apprécié et applaudi au Théâtre lyrique impérial, où l'habile impresario M. Pasdeloup, a eu l'heureuse fortune de monter cette ode-symphonie, et de la faire exécuter de la manière la plus remarquable.(...)
Le Christophe Colomb obtient un succès aussi éclatant à Bade, au milieu de ce beau monde cosmopolite qu'attire cette ville d'eau et de plaisirs. (...) L'orchestre et les choeurs étaient conduits et dirigés, avec l'habileté qu'on lui connaît, par Félicien David en personne. (...)
Nous laissons ici la parole aux heureux témoins auriculaires de cette solennité lyrique : M. Sylvain Saint Etienne dans “Le Messager de Paris”, et M. A. Bahlot d'Olblense dans “La France Musicale”.
“ Le grand salon de la Conversation, ruisselant de lumières, éblouissant de dorures, émaillé de fleurs et de jolies femmes, avec son public de reines, de rois, de princes et de sommités de la high life cosmopolite, offrait un coup d'oeil vraiment féerique. Félicien David gravit sa plate-forme, et il est accueilli par une salve d'applaudissements ; sa tête expressive rayonne d'intelligence, ses beaux grands yeux d'aigle parcourent l'estrade où se groupent musiciens et chanteurs ; le courant sympathique est instantanément établi entre eux, et les arpèges qui vibrent sur les contre-basses semblent jaillir, imprégnés d'une lumineuse harmonie, de son bâton d'ivoire (…)”
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(Le Mémorial d’Aix, 1869-10-03)