Les Aixoises et les exagérations de la mode
 
 
Durant la période 1838-1870, la mode féminine est caractérisée par le port de la crinoline.
 
Cette cage d’osier ou d’acier permet des jupes à effet gonflant dont l’amplitude a augmenté avec exagération jusqu’en 1870, ce qui a parfois généré des situations parfois cocasses (voir ci-dessous).
 
Dans la bonne société, le luxe s’est accru jusqu’à l’exagération sous le Second Empire, ce qui a fini par provoquer une saine réaction de certaines dames de la bonne société, encouragés par les messieurs payeurs.
 
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1857. Un avantage de la crinoline
 
“Une des femmes les plus remarquables d'une réunion armée d'un jupon d'acier, s'évanouit dans une soirée ; mais en s'évanouissant elle ne tomba pas. A peine avait-elle fléchi que son jupon posa sur le parquet et la soutint comme les enfants dans l'appareil où on les place quand ils apprennent à marcher. Les éclats de rire des assistants firent revenir Mme la baronne beaucoup mieux que ne l'aurait fait un flacon de sels.
 
(Le Mémorial d’Aix, 1857-03-29)
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1858. Le club du réforme-toilette
 
(...) Une vingtaine de jeunes personnes, toutes mariées depuis peu d'années, auraient décidé de s'unir par un pacte (...)  lequel consisterait à ne plus porter que des robes sans volants, des chapeaux sans dentelles, des bras sans bracelets, des cols sans colliers, des mouchoirs sans broderies et des cheveux sans fleurs, plumes ou rubans. Ce projet a été conçu à la suite de divers faits peu connus dans le monde mais qui ont fort ému quelques familles. Des dettes considérables, par exemple, contractées chez les modistes, chez les bijoutiers par des jeunes mariées folles de briller. Les pères et mères, les maris ravis ont chaleureusement secondé cette idée de réforme dans les excessifs abus de la toilette, qui allaient depuis deux ou trois ans jusqu'à l'extravagance (...) Il appartient à des femmes notoirement riches de donner ce salutaire exemple au retour à la raison et à un peu de simplicité. (...)”
(Le Mémorial d’Aix, 1858-09-05)
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1859. Méfaits de la crinoline
 
“Voici un nouveau méfait à ajouter à ceux déjà trop nombreux causés par cette mode de s'arrondir, inventée par et à l'usage du beau sexe, et renouvelé de la fable de la Grenouille qui, à force de se gonfler... se dégonfla.
Une jeune et jolie modiste de notre ville portait, pour faire ballonner sa robe, une de ces cages en acier où tant de bipèdes sans plumes s'enferment volontairement. En descendant l'escalier elle a passé son pied, par mégarde, entre deux armatures de cet appareil bien digne de l'âge de fer, et s'est cassé la jambe d'une manière si malheureuse que l'amputation sera peut être nécessaire.
Apprenez, belles dames, par cet accident déplorable, le danger des cages où le mauvais goût de notre époque emprisonne vos charmes”.
 
(Le Mémorial d’Aix, 1859-11-06)
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1853. Le luxe
 
“Le luxe prend des proportions effrénées, le luxe des femmes surtout. Les marchands de nouveautés, les modistes, les lingères, les bijoutiers doivent, si on paie, gagner des sommes considérables. L'élan, le ton est donné par les étrangers de distinction qui arrivent passer l'hiver à Paris avec les économies de l'été à la campagne, et par le grand monde financier. Ces dames ne mettent pas deux fois la même robe pour aller aux Tuileries, par exemple, et le reste est à l'avenant. Ce reste coûte encore plus cher que la robe, qui atteint des prix tout-à-fait déraisonnables, et les couturières attrapent des centaines de francs de façon dans un monde où l'on n'ose plus marchander, de peur d'avoir l'air d'être obligée d'être économe. De ce train-là jugez un peu où l'on va ! (...)”
 
(Le Mémorial d’Aix, 1853-05-08)
 
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La vie quotidienne des Aixois
 
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1854. Le ridicule de la mode
 
 
“Nos promenades, le Cours, la Cheminée du roi René, les boulevards Saint-Louis et du Chemin-Neuf ont vu aussi affluer les promeneurs attirés par la douceur de la température et l'éclat d'un soleil printanier.
Aussi, les toilettes, favorisées par cette clémence atmosphérique ont-elles étalé, dans tous les lieux fréquentés par notre population, leur luxe qui n'est pas toujours de bon goût. On a remarqué que nos élégantes, grâce à la ouate et à la crinoline tendent chaque jour à s'arrondir davantage et s'enlaidissent par une imitation trop servile des cucurbitacées.
Avec leurs jupes ballonnées et leurs mantelets cintrés, beaucoup d'entre elles ont l'air de gros melons pendus au bras de leurs cavaliers étriqués. La plupart, grâce à ce bastionnage de chiffons, paraissent toujours dans une situation intéressante ; à voir un groupe de dames, on dirait une suite d'enceintes continues ! Mais ne relevons pas trop le cotillon revu, augmenté et amplifié : la mode accrédite et donne cours à toutes ces énormités et en France, la mode autorise et sanctionne tous les ridicules et tous les travers !”
 
(Le Mémorial d’Aix, 1854-12-31)