1845. Le corset
“Le corset a résisté à tous ces caprices de la mode et il y a peu d'années encore, il était à peu de choses près ce que l'avait fait Catherine de Médicis, c'est-à-dire une sorte de cuirassé inflexible comprimant d'une manière cruelle les organes les plus indispensables à l’existence, et ôtant aux grâces natives de la femme ce moëlleux, ce doux laisser-aller qui leur donnent tant d'expression et par suite tant de puissance.
Hâtons-nous de dire cependant que, de nos jours, d'heureuses modifications se sont introduites dans cette partie du vêtement des dames. Quelques unes d'entre elles semblent comprendre que la beauté sans la santé n'est qu'une fleur passagère, et, dans l'intérêt même de leurs charmes, elles ont renoncé au busc d'acier et aux épaisses baleines qui mettent obstacle au développement régulier de ses formes et au libre exercice des fonctions de la vie. C'est aux modistes qu'il appartient surtout de seconder ce louable progrès. Arbitres suprêmes du goût féminin plus que personne, elles peuvent en réformer ou du moins en diriger les tendances : qu'elles s'appliquent donc à faire sentir aux jeunes femmes, aux mères de familles les réels et graves inconvénients d'un corset trop raide ou trop serré ; qu'elles proscrivent sans piété, le busc et la baleine (nous n'osons leur dire le corset tout entier), et par cela seul, elles auront bien mérité des générations présentes et à venir.”
(Le Mémorial d’Aix, 1845-08-31)