1852. Vers la photo d’identité
Une application de la nouvelle invention donne assez rapidement l’idée de ficher les gens. Le journaliste qui rapporte le projet semble d’abord tout à fait interloqué.
“Une singulière proposition été faite dernièrement au gouvernement : il s'agissait d'exiger de tout individu qui demande à la préfecture un passeport, qu'il présente son portrait au daguerréotype. Ce portrait devrait dorénavant être exhibé en même temps que le passeport. Le signalement se composerait simplement à l'avenir de la taille de l'individu et des signes qui ne peuvent être reproduits par les épreuves photographiques.”
(Le Mémorial d’Aix, 1852-07-18)
Un an plus tard, il l’est beaucoup moins.
“Il est question, depuis quelques temps, d’introduire une importante amélioration dans le système actuel des passe-ports (sic). Un homme de lettres, M. V. Vermeil, a imaginé d'ajouter au signalement qui se trouve sur la feuille de la police, le portrait photographique du porteur. Ce portrait en forme de médaillon, du module des timbres apposés à côté des signatures, aiderait les préposés du gouvernement à la constatation de l'identité, chose restée jusqu'à ce jour très difficile, à cause de la généralité des termes employés pour indiquer les traits d'un individu.
Le projet de M. Vermeil, soumis au ministre de la police générale a été pris en sérieuse considération ; déjà un artiste photographique lui offert son concours pour établir ces portraits à un prix assez bas pour ne pas renchérir le prix du passe-port, et un chimiste offre un procédé pour rendre indélébile l'empreinte photographique de telle sorte que une fois la feuille livrée au nom d'une personne, il est impossible qu'elle serve une autre sans que la fraude apparaisse à la première inspection. On sait qu'à maintes reprises des criminels en état de surveillance ont assassiné rien que pour se procurer un passe-port et se soustraire ainsi au régime rigoureux sous lequel la loi les avait placés ; d'autres ont pu éviter ces poursuites dont ils étaient l'objet à l’aide d'un nom d'emprunt.
Ces inconvénients disparaîtront si le système proposé est adopté par le ministre.”
(Le Mémorial d’Aix,1853-03-06)