La vie quotidienne des Aixois
 
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Les Aixois(es) et les inondations
 
 
Les Aixois sont à l’abri des inondations résultant des débordements du Rhône, mais ces inondations ne sont pas sans influence sur la vie des Aixois.
 
Ainsi, les crues majeures du Rhône de 1840 et de 1856 (les plus graves du XIXe siècle) ont suscité des élans de solidarité bien organisés dans les populations (voir encart ci-dessous).
 
Le journal se fait aussi l’écho de la visite du chef de l’état sur le théâtre des opérations (voir article ci-dessous).
 
 
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Novembre 1840. Une crue majeure du Rhône
 
 
“Les désastres occasionnés par les débordements du Rhône, de la Durance et autres rivières voisines, ont répandu partout l'épouvante, la ruine et la désolation. Des villes entières à moitié submergées et manquant de provisions de bouche, des villages à moitié détruits, leurs populations dispersées et pouvant à peine sauver leur vie, des ponts, des chaussées et des digues rompues, des terres ravagées, des troupeaux enlevés par la violence des eaux (...)  : voilà les sinistres nouvelles que l'on raconte partout avec effroi.”
 
Le pic de la crue du Rhône en Arles
30 octobre, 8h du matin : 4,15 m
31 octobre, 8h du matin : 4,78 m
1er novembre, 8h du matin : 4,85 m
2 novembre, 8h du matin  : 4,70 m et à  23h : 5,05 m
3 novembre : début de la décrue
5 novembre, 8h du matin  : 4,50 m
Rappel des crues antérieures
En 1755 : 5,26 m.
En 1801: 5,17 m
Pour en savoir encore plus sur les données techniques...
 
“(...) En examinant la campagne avec une lunette d'approche, et de haut de la tour des Arènes, l'on ne voit de toutes parts qu'un lac immense, parsemé de toits de maisons. Le courrier de Toulouse s'est arrêté dimanche ici ; nous sommes sans nouvelles du nord ; mais les rapports des voyageurs sont tous fort sinistres. Tout Arles est dans la désolation. Le quartier de la Roquette est entièrement inondé et a de l'eau jusqu'à moitié de la hauteur des portes ; les quais du Rhône ont été couverts ; des maisons se sont écroulées ; le vent du sud continue à régner  (...)
 
(...) Un immense cri de douleur a retenti dans tout le midi de la France ; il n'y a pas d'expression pour peindre cette désolation. L'imagination s'effraie, le coeur se brise devant ces simples bulletins si rapides si incomplets, lorsqu'on songe surtout que chaque instant apporte encore quelque affreuse révélation vient s'ajouter un trait de plus à ce lugubre tableau. (...)
 
(...) Comme nous l'avons annoncé dans notre dernier numéro, le conseil municipal de notre ville, dans sa séance du 14 du courant, sur la proposition de M. le maire, a décidé qu'une souscription sera ouverte dans toutes les paroisses d'Aix, en faveur des malheureux ruinés par l'inondation, dans diverses communes du département des Bouches-du-Rhône (...)
 
(Le Mémorial d’Aix, 1840-11-08, 15 et 22)
 
 
“ Tout ce que nous laissaient pressentir nos correspondances d'Arles et de Tarascon au sujet de nouvelles inondations ne se réalise malheureusement que trop ; les chaussées provisoires viennent d'être emportées par l'impétuosité des eaux du Rhône (...)
Toutes les populations dans ces malheureuses contrées sont dans les plus vives alarmes ; elles s'étaient portées en masse ces derniers jours pour travailler à la consolidation des ouvrages à peine commencés , mais tous leurs efforts ont été inutiles. La pluie qui ne cesse de tomber s'oppose à la reprise des travaux.
Les grains qui pour la deuxième fois venaient d'être jetés en terre y sont perdus ; ce nouveau désastre ruine complètement les propriétaires. La misère est très grande. Le peuple demande du pain et du travail (...)”
(Le Mémorial d’Aix, 1841-02-20)
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1842. Des digues pour contenir les crues
 
 
“ Depuis plusieurs années la question des travaux d'art à exécuter pour contenir les fleuves, et des moyens à prendre pour empêcher que par leurs débordements, ils ne portent la dévastation dans les campagnes voisines, préoccupe vivement l’administration centrale. Les récents événements qui sont venus, pendant les deux dernières années, porter le ravage et la désolation dans nos contrées ont surtout démontré combien la solution de cette question était pressante (...)”
(Le Mémorial d’Aix, 1842-02-10)
 
 
“ La question des endiguements, sur laquelle M. le ministre des travaux publics a consulté les conseils généraux, est l'un des plus graves sujets qui puissent occuper leur attention.
A défaut d'un système général d'endiguement, les terres situées le long de nos cours d'eau du Midi, ont été huit fois en deux ans, de 1840 à 1842 dévastées par des inondations (...)”
(Le Mémorial d’Aix, 1842-09-08)
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1842. Il faut curer la Touloubre !
 
“ Le curage de la rivière de la Touloubre, dans le canton de Salon est devenu par l'urgence et la nécessité de la mesure, et par le grand nombre de propriétaires qu'il intéresse dans cinq communes de notre arrondissement (...)  une question d'intérêt public pour notre contrée. Un territoire étendu naturellement disposé à se couvrir de prairies et de jardins dès qu’il sera garanti des débordements périodiques de la Touloubre, très propre anciennement à la culture des céréales, et qui, à l'époque antérieure a 89, avait mérité le nom vulgaire de Grenier de Salon, fournissait alors des récoltes immenses de grains (...)”
 
 
Le journaliste raconte que le dernier curage était organisé avant la Révolution ; mais le dernier a été exécuté il y a 30 ans et, depuis le lit de la Touloubre est abandonné :  les fonds de terre à plusieurs kilomètres sur chaque bord sont incultivables ou infertiles. Le “Mémorial d’Aix” du 22 août 1844 diffuse le projet de règlement de l’Administration publique pour le curage de la Touloubre.
 
(Le Mémorial d’Aix, 1843-10-15)
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Mai 1856. Une crue majeure du Rhône
 
Description de l’inondation :
“(...) Le télégraphe au-dessus d'Avignon est intercepté depuis dimanche et les communications télégraphiques n'ont plus lieu que par la voie de Toulouse et Saint-Etienne.
La voie a été coupée au-delà de Tarascon de manière à interrompre toute communication. La chaussée est rompue près de Boulbon sur un espace qu'on n'évalue pas à moins de 3 kilomètres. Les eaux ayant trouvé de la sorte une vaste issue se sont répandues au loin dans les campagnes.
Le chemin de fer se trouve établi à 1,50 m au dessus du niveau de l'inondation de 1840 ; dans celle d'aujourd'hui, les eaux sont arrivées sur plusieurs points jusqu'à la hauteur des rails.
Au viaduc du Rhône, entre Tarascon et Beaucaire, le courant du fleuve atteignait le tablier du pont, qui a résisté à la plus rude épreuve qu'il aura peut-être à subir jamais. Quant au pont en fil de fer qui unit les deux villes, il est entièrement couvert par les eaux. (...)
Au dessus de Tarascon, la digue de Boulbon ayant cédé à la pression des eaux, elles ont envahi la ville de Tarascon.
Bientôt encore ces mêmes eaux sont arrivées à Arles à travers la plaine qui sépare ces deux villes, et c'est ainsi que Arles s'est trouvé envahi à la fois par les eaux qui y arrivaient à travers la plaine de Tarascon et par celles qui débordaient du fleuve dans les parties basses. Le pont de Trinquetaille a été emporté, et toute communication avec le faubourg de ce nom est devenue impossible. De la tour d’Arles on n’apercevait qu'une vaste étendue d'eau, la Camargue paraissait entièrement submergée (...)”
 
(Le Mémorial d’Aix, 1856-06-08)
 
Appel à la solidarité : une souscription est organisée en faveur des victimes des inondations.
“ Les calamités qui viennent de frapper un si grand nombre de départements ont éveillé un immense concert de douloureuse sympathie. La France n'a qu'un coeur, et c'est dans les catastrophes qu’on le sent battre des mêmes pulsations, et que des extrémités au centre la vie circule avec le même mouvement fébrile. En présence des grands bouleversements de la nature qui sèment la désolation et la ruine parmi les populations consternées, la solidarité patriotique resserre ses liens, et la sainte charité lève sa voix au dessus de la voix des cataclysmes et des abîmes de désolation (...)”
 
Description de l’inondation en Arles.
“ Un immense désastre a frappé le territoire d'Arles. Une brèche énorme s'est ouverte au sommet de la Camargue (...)
Ce matin, les eaux du Rhône (...)  ont envahi le Trébon et le haut Plan-du-Bourg. La surface inondée représente au moins quatre-vingt-dix mille hectares. Cette surface, il y a quelques heures, était couverte des plus riches moissons! C'est un déficit de cent cinquante mille hectolitres de blé pour l'alimentation du pays. Pour la commune d'Arles, c'est une catastrophe effroyable, sans comparaison aucune avec le même sinistre frappant d'autres territoires. Partout ailleurs, en effet, la crue du fleuve terminée, les eaux débordées s'écoulent en quelques jours ; le fleuve lui-même devient leur récipient et le moyen de leur fuite. Dans le territoire d'Arles, en Camargue surtout, les eaux débordées restent sur les terres plusieurs mois ; leur écoulement est nul, il faut attendre leur évaporation (...)
(Le Mémorial d’Aix, 1856-06-08)
 
Comparaison des hauteurs des différentes crue en Arles
En 1755 : 5,26 m
En 1801: 5,17 m
En 1840 : 5,16 m
En 1856 : 5,60 m
Pour en savoir encore plus, consulter les données techniques...
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 Décembre 1862. Crue de l’Arc à Aix
 
 
“ On se serait cru sous la zone tropicale, à cause de la persistance et de l'intensité de la pluie dans nos contrées. De mémoire d'homme, on avait vu tomber autant d'eau et le ciel rester si longtemps couvert. (...)
 
L'Arc est sorti de son lit et a envahi les propriétés riveraines. (...) Du pont des Trois-Sautets jusque après Roquefavour, la forte crue occasionnée par les pluies a jeté les eaux dans les terres. Le hameau des Milles a été éprouvé par les inondations. Beaucoup de champs ensemencés ont souffert. Le moulin du Pont de l'Arc a subi des dégâts. Le biez qui conduit l'eau à l'écluse a été emporté sur une étendue d'environ 80 mètres, et plusieurs éboulements ont en lieu. La passerelle dite du Coton Rouge, un moment menacée, n'a pas été ébranlée. (...) Tout le long de la rivière des arbres ont été déracinés et des terrains éboulés ou emportés (...)
Sous l'influence dissolvante des pluies continuelles, les bâtiments dépendant de l'ancien hôtel du Bras-d'Or, situés vis-à-vis la gare, se sont écroulés en grande partie. Heureusement, aucune voiture et aucun piéton ne passaient sur le chemin en ce moment là. C'étaient de vieilles masures minées par la vétusté. On assure qu'on va les remplacer par une nouvelle construction ornée d'une façade élégante qui s'harmonisera avec le voisinage de la gare et du square qui est à côté (...)
La Touloubre, cours d'eau de minime apparence à Aix, a aussi commis quelques ravages sur son parcours. Du côté de Saint-Chamas, il a inondé les terres jusqu'à la hauteur d'un mètre.
 
L’article continue sur le même épisode à Avignon. A Brignoles, le débordement du Caramy a redoublé ; au Muy, l'Argens et ses affluents ont transformé la vallée en mer furieuse, intercepté la route d'Italie et emporté un tronçon de la voie ferrée (...) A Saint-Maximin, un torrent, où l'eau parait habituellement un phénomène, a submergé la belle plaine de ce pays (...)
 
A Marseille, les communications électriques ont été interrompues pendant un jour. C'est seulement par la ligne de Toulouse qu'on communiquait quelque peu. L'Huveaune a débordé sur plusieurs points, notamment à Saint-Giniez ; il en est de même du modeste ruisseau de Jarret.
Pendant la nuit de lundi à mardi et surtout dans la matinée de mercredi, a eu lieu un affaissement de la voie ferrée sur la ligne de Toulon près du souterrain de Saint-Charles et un éboulement dans une tranchée située entre la gare de Marseille et Saint-Barthélémy.
Des mesures ont été prises pour assurer la marché des trains et la circulation a été établie sur une seule voie, d'un côté entre Marseille et Saint-Marcel, de l'autre entre Marseille et St-Henri (...)
Le Rhône a envahi les quais d'Arles et d'Avignon. Dimanche, on a jugé prudent de fermer les portes de Beaucaire donnant sur le fleuve. La Camargue, la Crau et le quartier du Petit-Plan-de-Bourg sont submergés (....)
 
(Le Mémorial d’Aix, 1862-12-07)
 
Le numéro du “Mémorial d’Aix” du 6 décembre 1840 consacre  4 pages complètes au bilan de la souscription organisée par la Municipalité d’Aix pour les victimes des inondations : la somme récupérée est de 14278,85 fr auxquels s’ajoutent quelques autres quêtes (ce qui conduit à un total de 15000 fr environ).
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Mai 1856. L'Empereur sur le théâtre des inondations
 
“L'Empereur est parti le 1er pour Lyon. Sa Majesté a voulu présider en personne aux secours qui doivent être portés aux victimes des inondations dans le midi de la France. L'Empereur est arrivé à Lyon le 2. Sa Majesté, (...)  a parcouru à cheval toutes les parties de la ville inondées par le Rhône (...)
Dans la nuit du 3, l'Empereur est arrivé dans la ville d'Avignon ; les premières autorités des Bouches du Rhône,(...) L'Empereur, après avoir passé une partie de la journée à Avignon est arrivé à Tarascon vers 5 heures. Un convoi spécial l'avait amené sur le chemin de fer jusqu'au point où la ligne est rompue ; là il s'est embarqué avec sa suite et a suivi le Rhône jusqu'à Tarascon dont il a parcouru les rues en bateau. (...) Pour monter à la gare, l'Empereur a dû recourir aux robustes épaules d'un homme du peuple qui l'a porté sur son dos jusqu'au point où Sa Majesté pouvait marcher à pied sec (...) Napoléon a continué sa route sur Arles où il a fait son entrée en voiture, vers 7 heures, en passant par la porte des Ateliers, l'avenue de la gare étant, comme nous l’avons dit, coupée par le débordement. L'Empereur s’est fait conduire immédiatement à la tour des Arènes d'où il a pu embrasser l'aspect de l'inondation entière (...) L'Empereur a couché à Arles et est reparti le 4 pour Lyon où il est arrivé à quatre heures du soir (...) L'empereur a distribué des croix d'honneur et des médailles et s'est remis en route pour Paris à huit heures du soir.”
 
(Le Mémorial d’Aix, 1856-06-08)