Novembre 1840. Une crue majeure du Rhône
“Les désastres occasionnés par les débordements du Rhône, de la Durance et autres rivières voisines, ont répandu partout l'épouvante, la ruine et la désolation. Des villes entières à moitié submergées et manquant de provisions de bouche, des villages à moitié détruits, leurs populations dispersées et pouvant à peine sauver leur vie, des ponts, des chaussées et des digues rompues, des terres ravagées, des troupeaux enlevés par la violence des eaux (...) : voilà les sinistres nouvelles que l'on raconte partout avec effroi.”
Le pic de la crue du Rhône en Arles
30 octobre, 8h du matin : 4,15 m
31 octobre, 8h du matin : 4,78 m
1er novembre, 8h du matin : 4,85 m
2 novembre, 8h du matin : 4,70 m et à 23h : 5,05 m
3 novembre : début de la décrue
5 novembre, 8h du matin : 4,50 m
Rappel des crues antérieures
En 1755 : 5,26 m.
En 1801: 5,17 m
“(...) En examinant la campagne avec une lunette d'approche, et de haut de la tour des Arènes, l'on ne voit de toutes parts qu'un lac immense, parsemé de toits de maisons. Le courrier de Toulouse s'est arrêté dimanche ici ; nous sommes sans nouvelles du nord ; mais les rapports des voyageurs sont tous fort sinistres. Tout Arles est dans la désolation. Le quartier de la Roquette est entièrement inondé et a de l'eau jusqu'à moitié de la hauteur des portes ; les quais du Rhône ont été couverts ; des maisons se sont écroulées ; le vent du sud continue à régner (...)
(...) Un immense cri de douleur a retenti dans tout le midi de la France ; il n'y a pas d'expression pour peindre cette désolation. L'imagination s'effraie, le coeur se brise devant ces simples bulletins si rapides si incomplets, lorsqu'on songe surtout que chaque instant apporte encore quelque affreuse révélation vient s'ajouter un trait de plus à ce lugubre tableau. (...)
(...) Comme nous l'avons annoncé dans notre dernier numéro, le conseil municipal de notre ville, dans sa séance du 14 du courant, sur la proposition de M. le maire, a décidé qu'une souscription sera ouverte dans toutes les paroisses d'Aix, en faveur des malheureux ruinés par l'inondation, dans diverses communes du département des Bouches-du-Rhône (...)
(Le Mémorial d’Aix, 1840-11-08, 15 et 22)
“ Tout ce que nous laissaient pressentir nos correspondances d'Arles et de Tarascon au sujet de nouvelles inondations ne se réalise malheureusement que trop ; les chaussées provisoires viennent d'être emportées par l'impétuosité des eaux du Rhône (...)
Toutes les populations dans ces malheureuses contrées sont dans les plus vives alarmes ; elles s'étaient portées en masse ces derniers jours pour travailler à la consolidation des ouvrages à peine commencés , mais tous leurs efforts ont été inutiles. La pluie qui ne cesse de tomber s'oppose à la reprise des travaux.
Les grains qui pour la deuxième fois venaient d'être jetés en terre y sont perdus ; ce nouveau désastre ruine complètement les propriétaires. La misère est très grande. Le peuple demande du pain et du travail (...)”
(Le Mémorial d’Aix, 1841-02-20)