Le Mémorial d’Aix
 
 
Le Mémorial d’Aix” : la forme
 
A son tout début, ce journal est imprimé à 300 exemplaires. Dans la période 1837-1870, c’est un hebdomadaire (sauf pendant deux ans vers 1844 où il paraissait alors le jeudi en plus du dimanche).
 
Le format a eu diverses dimensions au cours de son histoire. Depuis 1837 jusqu’en 1869 il mesure : 62 x 46 cm, ce qui est beaucoup plus important que le format de nos journaux actuels.
 
Sauf exception, le journal comporte 4 pages, avec d’abord 3 puis 4 colonnes. Les articles sont disposés les uns à la suite des autres, sans titre : l’éditorial de la première page fait exception. Sur la période 1838-1870, le journal ne comporte aucune illustration, excepté celles qui accompagnent certaines publicités (voir ci-dessous). C’est le journal parisien “L’Illustration”, exactement contemporain au “Mémorial d’Aix”, qui lui s’attachera les services de prestigieux dessinateurs.  Il sera le premier à publiera une photo, mais ce ne sera qu’à la fin du XIXe siècle. Toutefois, il a eu un prédécesseur : la Bibliothèque Méjanes conserve 12 numéros d’un périodique local, “L’Olivier”, paru d’avril à juillet 1879, qui porte en première page comme illustration, soit un dessin, soit une partition de musique sous forme d’une lithographie, soit une petite photo collée, représentant un tableau ou une sculpture.
 
Comparé à la plupart de nos journaux actuels, le style du “Mémorial d’Aix” est d’une très grande qualité littéraire. Il fait appel à de longues descriptions, le choc des mots remplaçant le choc des photos auquel notre civilisation nous a désormais habitués. Ce style nous apparaît bien désuet, voire déroutant : orthographe parfois un peu différente de la nôtre, emploi courant de citations latines (non sorties des pages roses du dictionnaire...), allusions à des figures mythologiques dans des articles traitant d’affaires tout à fait ordinaires.
Le Mémorial d’Aix” : le fond
 
Aucun sujet ne semble étranger à ce journal  : les informations locales (faits divers, horaires de trains pour Paris, affranchissement du courrier, programmes de théâtre...), comme la politique (nationale ou internationale) ainsi que des articles de réflexion sur des sujets divers et généraux, sans oublier les feuilletons, les critiques d'ouvrages et des chroniques historiques.
La largeur du spectre d’intérêt des diverses plumes qui contribuent au journal fait que  “Le Mémorial d’Aix” c’est un peu tout à la fois : Le Figaro, Le Monde, Sciences et Vie, Gala, L’Officiel des spectacles, Détective, Le Pèlerin... sans oublier la publicité et les petites annonces immobilières.
 
Tout cela permet de mieux appréhender la vie quotidienne des Aixois.
 
 
 
 
Qu’est-ce que “Le Mémorial d’Aix” ?
 
“Le Mémorial d’Aix” est un hebdomadaire qui est paru à Aix-en-Provence depuis le 18 novembre 1837 jusqu’au 13 août 1944.
Conservé par la bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence, il a été numérisé et on peut désormais le consulter chez soi sur le site de la bibliothèque : il y est téléchargeable.
 
Pour la forme et le fond du journal, voir ci-dessous.
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La révolution journalistique
 
Paris est inondé de petits journaux à cinq et à dix centimes le numéro. On ne saurait se figurer l’importance qu'ont prises ces publications à bon marché. Il se fait à notre époque un énorme gaspillage d'esprit et de talent. Jamais on n'a exigé autant de l'homme et de la matière qu'aujourd'hui. Le cerveau est chauffé aussi fort que la locomotive. Il faut que la main courre sur le papier comme le wagon sur le rail-way. Le rêve du siècle est la rapidité et le bon marché. Pour acquérir un nom maintenant, il faut travailler vite, beaucoup, sans relâche et très bien ; car le public devient de plus en plus exigeant et difficile. Que de choses charmantes, que de pages coloriées se distribuent chaque matin dans Paris, sans que Paris y prenne garde ! Que d'esprit, de poésie et d'imagination ces improvisateurs toujours prêts, que les gens qui se croient sérieux appellent des feuilletonistes, jettent avec une prodigalité insouciante à la foule affairée !
Telle est la loi de progression : à la tradition orale succède l'écriture ; à l'écriture, l’imprimerie. Le livre insuffisant désormais à la propagation des idées est remplacé par le journal. Faire paraître un volume aujourd'hui c'est être arriéré autant que le seraient ceux qui écriraient au lieu de faire imprimer.”
 
“Des documents statistiques, puisés à des sources officielles, me permettent de vous donner quelques détails curieux sur cette littérature à la vapeur des journaux illustrés à cinq et dix centimes.
On publie à Paris quarante journaux illustrés à bon marché, dix-neuf à cinq centimes et vingt et un à dix centimes.
Ces journaux se vendent ensemble à sept cent soixante et onze mille exemplaires par semaine ; quarante millions quatre-vingt-douze mille exemplaires par an (…)”
 
Suit un long calcul du prix de revient de la fabrication de ces journaux et le journaliste conclut :
 
“Comment couvrir ces frais si ce n'est au moyen d'un tirage énorme ! A cinquante mille exemplaires un journal illustré à cinq centimes ne gagne rien. Il couvre ses frais ; au-dessous il perd , au-dessus il gagne. Un journal illustré vendu à cent mille exemplaires rapporte cent mille francs par an. ”
 
A titre d’information, la ville de Paris compte environ 1,5 million d’habitants en 1860, et environ 27000 habitants pour Aix-en-Provence.
 
(Le Mémorial d’Aix 1860-07-01)
Première illustration publiée dans le journal : il s’agit d’un encart publicitaire
(Le Mémorial d’Aix, 1842-07-21)