Inauguration de l’huilerie
 
Le mercredi 12 mai 1858 à 3h on inaugure une huilerie dirigée par MM. Honnorat et Jourdan et dont  M. Artaud, avocat, est le propriétaire Le curé du faubourg a béni l’usine. A 5h un une trentaine d’invités ont été invités à un magnifique banquet à la Mule-Noire où l’on a prononcé tous les toasts d’usage. Pendant ce temps les ouvriers principaux étaient réunis à la Cloche d’Or où ils ont reçu la visite de MM. Honorat et Jourdan et de leurs invités.
 
Données techniques de l’huilerie
  1. puissance motrice de 40 chevaux
  2. traitement de 12 000 kg de graines par jour pour obtenir 5000 kg d’huile
  3. puissance productive : 1 million de kg d’huile pour l’expédition à l’intérieur de la France et de 1 million de kg pour la consommation de la savonnerie de MM. Honorat et Jourdan et 2 millions de kg de tourteaux à livrer à l’agriculture 
  4. fret de chemin de fer : 4 millions de kg
  5. graines traitées : sésame, arachide et lin.
 
 
« Ce bel établissement occupera une quarantaine d'ouvriers, à ce non compris les contre-maîtres, commis, chauffeurs, surveillants, journaliers, femmes, etc, »
(Le Mémorial d’Aix, 1851-04-27)
 
 
 
 
Les Aixois et leur huilerie
 
 
En complément de leur fabrique de savon inaugurée en mars 1851, MM. Honorat et Jourdan ouvrent aussi une huilerie inaugurée le mercredi 12 mai 1858.
Cette fabrique a été complètement détruite dans un incendie le 19 août 1863 (voir reportage ci-dessous).
 
 
 
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Les Aixois et la révolution industrielle
 
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Les Aixois et la lutte contre l’incendie de l’huilerie
 
L’article décrit de façon précise et littéraire le spectacle, mais il est intéressant à divers titres. Outre la mobilisation et la solidarité des Aixois face à l’incendie, il donne des informations techniques sur la fabrique. Il en décrit les bâtiments et la positionne dans la ville, dans un endroit où il y a aussi d’autres fabriques. On apprend aussi que l’usine fabrique son propre gaz d’éclairage. L’article donne une idées des quantités de matière brute traitée en temps ordinaire.
 
 
Un sinistre épouvantable, tel qu'on n'en avait jamais vu à Aix, vient de réduire en cendres la magnifique fabrique d'huile de graines de MM. Honnorat, située à la Rotonde, derrière la gare de marchandises. Cette usine, qui occupait une superficie de  3300 mètres, se composait d'un vaste bâtiment principal, de deux étages sur rez-de-chaussée, de deux ailes latérales parallèles et de diverses dépendances destinées à des magasins, salles d'épuration et ateliers de tonnellerie.
 
Le feu a été aperçu le 19 août vers une heure du matin par des ouvriers qui travaillaient dans la briqueterie qui est près de l’huilerie. Les flammes ont été vues dans une pièce renfermant des barriques vides et des sacs entassés imprégnés d'huile. L'alarme a été aussitôt donnée. Mais avant que les premiers secours fussent apportés, l'incendie, activé par un violent mistral, a enveloppé tout l'établissement. Au premier signal, la pompe du chemin de fer, accompagnée des hommes d'équipe et conduite par M.Caen, chef de gare, est arrivée sur les lieux et a fonctionné immédiatement.
M, Seguiran, propriétaire du tir au pistolet et M. Léopold Loyal. dit l'homme en caout-chouc (sic), se sont emparés d'une caisse dans la salle du Cirque, et ont parcouru les rues en battant le rappel et en criant : Au feu ! Le tambour des pompiers s'est bientôt fait entendre et le tocsin a sonné depuis deux heures du matin jusqu'à sept. Les autorités, tout le personnel de la police, les sapeurs pompiers, la gendarmerie, avec son capitaine, la garnison, ses officiers en tête, prévenus, sont accourus avec empressement, ainsi que des gens de bonne volonté appartenant à toutes les classes. Le sauvetage a été organisé avec intelligence et activité. Les bouches d’arrosage de la Rotonde fournissaient l'eau en abondance. Mais le feu s'était déjà fait une part si grande qu'il a été impossible de lui disputer le bâtiment principal.
 
Tous les efforts et toute la puissance des deux pompes de la ville et de celle de la gare se sont concentrés sur deux points, afin de préserver les deux ailes de la destruction. Deux périls étaient à redouter : l'explosion du gazomètre de l'appareil à gaz destiné à l'éclairage de l'usine, et celle du générateur de la machine à vapeur qui mettait en mouvement les meules et les presses. (...)
Les deux ailes ont été préservées en grande partie, grâce à l'énergie des manœuvres habiles et simultanées du capitaine des pompiers, M. Martin, et de M. Caen, chef de gare. Ces constructions renfermaient le dortoir des ouvriers, le logement du contre-maître qui s'est sauvé en chemise avec sa famille et plusieurs ouvriers, et de vastes cuves contenant un approvisionnement d'huile d'une valeur de 100000 fr. D’ailleurs, si le feu les eût atteintes leur proximité de la fabrique de cadres Pécout aurait causé infailliblement un second sinistre (...)
 
Le bâtiment principal, ses dépendances et ses contenances tout a péri. Les graines, les tourteaux ont été consumés après avoir brûlé plusieurs jours et plusieurs nuits. Ils flambent encore au moment où nous mettons sous presse. Des machines et des appareils d'une grande valeur ont été entièrement détruits ou mis hors d’usage. Il ne reste plus que des ruines fumantes de cette belle usine qui occupait un grand nombre de bras (...) On évalue à 500,000 fr environ les pertes occasionnées par ce terrible incendie. La fabrique, bâtiments et marchandises, était assurée par la Compagnies l'Union et l'Urbaine.”
 
(Le Mémorial d’Aix, 1863-08-23)
 
Les évènements météorologiques auront finalement raison de cette manufacture deux ans plus tard.
 
“(...) Lundi au soir, entre cinq et six heures, un orage épouvantable, accompagné de bruyantes détonations de tonnerre, a éclaté sur notre ville et sur nos campagnes, où il a déversé des torrents d'eau.
(...) La pluie et les bourrasques ont fait écrouler la majeure partie des pans des murs de l'huilerie Honnorat, qui étaient restés debout après l'incendie de cette usine.
Elles ont occasionné aussi des dégâts aux machines, et aux ustensiles demeurés en place, après le sinistre, en attendant le règlement d'une compagnie d'assurances.
On nous assure que M. Honnorat, par suite des contretemps qu'il a éprouvés, était obligé d'abandonner son projet de réorganiser sa manufacture à Aix, avec les ressources que lui fournissaient des maisons étrangères à la localité, et de transporter son industrie à Marseille.
Nous regrettons cette détermination et les causes fâcheuses qui l'ont amenée, parce qu'elle déshérite d'une grande usine notre ville, qui n'est déjà pas trop favorisée sous le rapport de l'industrie.”
(Le Mémorial d’Aix, 1865-10-15)